Biodiversité : grande oubliée des politiques environnementales ?

Une militante écologiste tient une pancarte lors d'une manifestation organisée en parallèle de la COP 27 à Charm el-Cheikh, en Egypte. ©Maxppp - SEDAT SUNA
Une militante écologiste tient une pancarte lors d'une manifestation organisée en parallèle de la COP 27 à Charm el-Cheikh, en Egypte. ©Maxppp - SEDAT SUNA
Une militante écologiste tient une pancarte lors d'une manifestation organisée en parallèle de la COP 27 à Charm el-Cheikh, en Egypte. ©Maxppp - SEDAT SUNA
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Les COP se suivent mais certaines font plus parler que d’autres… Si la COP 27 sur le climat a été l’objet d’une grande attention médiatique, la COP 15 sur la biodiversité passe légèrement plus inaperçue… Pourquoi la biodiversité semble-t-elle moins mobiliser que le réchauffement climatique ?

Avec
  • Tatiana Giraud Directrice de recherche CNRS, directrice adjointe de l’UMR Ecologie, Systématique et Evolution, Professeur à l’Ecole Polytechnique
  • Marc Mortelmans Journaliste, réalisateur et créateur des podcasts Baleine sous Gravillon (BSG)

Avec Marc Mortelmans, journaliste voyageur, ancien guide d’expédition dans les Andes et professeur de plongée. Auteur du podcast Radio France Mécaniques du vivant, et Tatiana Giraud, directrice de recherche CNRS, directrice adjointe de l’UMR Ecologie, Systématique et Evolution, professeure à l’Ecole Polytechnique, titulaire de la Chaire Biodiversité et écosystèmes au collège de France pour l’année 2021-2022.

Biodiversité : une prise de conscience qui peine à émerger

Comme le souligne Marc Mortelmans : “Avec les canicules, les incendies de forêt il y a peu de personnes qui ne prennent pas conscience du problème lié au climat. En revanche, pour la biodiversité, le problème est beaucoup plus local, il n’est pas le même partout. Il est donc plus difficile d’en prendre conscience. D’autant plus que la biodiversité est trois fois moins relayée dans les médias que les sujets sur le climat”.

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Mécaniques du vivant
58 min

Tatiana Giraud explique qu’il “est plus difficile de se rendre compte que certaines catastrophes naturelles sont dues à la perte de biodiversité. Par exemple, on a plus de mal à mettre en lien le fait qu’il y ait des inondations avec le fait qu’on a déforesté, et donc que les arbres ne tiennent plus l’eau dans le sol”. La chercheuse souligne qu’”il faut se rendre compte de l’importance de ces enjeux. Les sociétés humaines dépendent absolument de tous les services qu’elles tirent de la biodiversité et ne pourront pas se maintenir avec un tel effondrement de celle-ci, à ce rythme-là”.

Que peut-on attendre de la COP 15 sur la biodiversité ?

Tatiana Giraud rappelle que la COP 15 qui commencera le 7 décembre 2022 “va fixer un cadre pour les dix prochaines années. Des engagements assez ambitieux qui sont affichés. 30 % des terres et des mers. Ce serait une belle victoire. Il y a très peu de chefs d’Etat qui vont y aller”. “Des engagements de restauration de la biodiversité” seront également pris avance la spécialiste du vivant.

Concernant les objectifs de la COP, Marc Mortelmans souligne : “Un des objectifs est le 30-30 c’est-à-dire 30 % d’aires protégées d’ici 2030. Dans les années qui viennent de s’écouler, l’objectif était de 17 % d’aires protégées sur Terre, et 10 % d’aires marines. Cet objectif n’a pas été rempli. Cette COP va être l’occasion de faire l’analyse de pourquoi ça n’a pas été atteint”.

Un autre objectif concerne la reforestation explique Tatiana Giraud : “Une des causes principales de l’effondrement de la biodiversité est la déforestation, la perte d’habitat. Si on supprime l’Amazonie, les espèces qui vivent à cet endroit, et uniquement à cet endroit disparaissent automatiquement. On détruit des habitats, on détruit toutes les espèces qui sont inféodées à ces habitats”. La chercheuse ajoute : “quand l’habitat est uniforme, un certain nombre d’espèces réussissent à se maintenir” mais un nombre plus important encore peut disparaître.

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